C’est sur un banc de bois installé sur le passage Arpètes, à l’étage des Ateliers des Capucins, que j’ai rendez-vous avec Frédéric Bardeau, co-fondateur de Simplon.co, puis Valérie Beaulieu, directrice exécutive en charge des ventes et du marketing du groupe suisse Adecco. "On se tutoie ? D’accord", je[1] réponds.
En 2021, l’école IA de Brest est inaugurée par Frédéric Bardeau. C’était la première fois que l’entrepreneur venait sur le territoire. Il neigeait. Le déploiement des écoles IA, confié par Microsoft[2] à Simplon.co, s’appuie sur les acteurs locaux : entreprises, écoles d’ingénieurs, collectivités locales, organismes d’innovation, etc. "L’écosystème était partant, cherchait à former ou à recruter des talents", explique Frédéric.
L’école IA de Brest fait partie d’un réseau de 125 écoles, dont 77 en France. La 4e promotion se prépare, accueillie par l’ISEN-YNCREA Brest. Une soixantaine de diplômés des trois précédentes éditions ont trouvé un emploi dans les entreprises locales. Une réussite, "un booster d’emploi" qui contribue au développement économique. Non-thématisée (contrairement à d’autres écoles en France), l’école IA brestoise accorde toutefois sa couleur à des filières bien représentées, telles que le maritime et le secteur bancaire.
AI Days 2024. crédit : French Tech Brest Bretagne Ouest (Aurélie Bouguen) |
L’école IA de Simplon.co fonctionne par l’apprentissage par pairs d’un public en réinsertion, éloigné du numérique. Frédéric parle de skill-bias. L’IA, et surtout l’IA générative, encourage les moins qualifiés, leur apporte de nouvelles compétences. Les outils peuvent pallier certains handicaps, en faveur de plus d’inclusion. "Il ne faut toutefois pas être naïf, mais proactif", souligne Valérie Beaulieu. "Pour éviter le digital divide[3], nous devons être volontaristes et étudier les biais. 60 % des hommes font confiance à l’IA, contre 35 % des femmes. Les enquêtes montrent aussi que les universitaires sont plus aguerris à l’IA que les bacheliers." L’enjeu est culturel.
AI Days 2024. crédit : French Tech Brest Bretagne Ouest (Aurélie Bouguen) |
"J’adore la tech", confie Valérie, "car en automatisant ce que l’on souhaite, on s’épanouit sur ce qu’on aime". En particulier dans des métiers tels que la comptabilité, le marketing, la direction artistique, etc. L’hyper-personnalisation devient possible. À celles et ceux qui s’inquiètent, Valérie répond que "l’expertise métier restera. Seules les compétences différeront". De plus, de nouveaux métiers, tels que le chief prompt officer, apparaîtront. L’IA ainsi injectée dans les tâches professionnelles quotidiennes et répétitives (comptes rendus de réunion, courriers, etc.) laisse plus de temps pour développer la relation avec les autres.
AI Days 2024. crédit : French Tech Brest Bretagne Ouest (Aurélie Bouguen) |
Nous avons posé la question à nos deux experts interviewés.
Frédéric : "Chez Simplon.co, nous développons des outils d’IA pour le coaching et le mentorat des apprenants. Cela, en vue de soulager les formateurs. Par ailleurs, l’IA est utilisée par les équipes supports, comme la compta."
Valérie : "Chez Adecco group, notre besoin est celui de nos clients : pallier le déficit de talents sur le marché. Pour cela, et dans le cadre d’un partenariat avec Microsoft, nous développons un outil permettant aux candidats de préciser les acquis de leurs précédentes expériences professionnelles. Ce sac à dos de compétences leur sera utile pour postuler aux offres d’emploi et cibler de nouvelles compétences à appréhender."
Merci à Valérie et Frédéric pour leur temps accordé. Un échange riche, convivial… humain.