Robot footballeur au CERV |
Le parcours scientifique de Cedric Buche débute à l’ENIB, école d’ingénieurs nationale située à Plouzané, par un cursus d’ingénieur qui se conclut par un double diplôme, celui d’ingénieur et un DEA en informatique qui lui permet de poursuivre en thèse sur un sujet combinant intelligence artificielle et réalité virtuelle. La découverte de la robotique se fait de l’autre côté de l’Atlantique par le football ! " Pendant un séjour de quelques mois à l’Université de Miami en tant que chercheur invité, l’équipe qui m’accueillait travaillait sur des robots footballers. Je me suis occupé d’améliorer le comportement du gardien de but et cette expérience m’a introduit à la robotique et à l’application de l’IA aux robots. C’est à ce moment-là que j’ai découvert la RoboCup, puisque ces robots footballers sont une des ligues de cette compétition internationale ". A son retour en France, Cédric Buche ramène la thématique Soccer et installe un terrain de football au CERV (Centre Européen de Réalité Virtuelle).
Depuis, Cédric Buche a étendu la gamme de robots sur lesquels il travaille : " Actuellement les robots humanoïdes sont de plus grande taille (1,40m), et contrairement aux robots footballers, ils sont en interaction avec les humains ". Le cadre applicatif de ses travaux est l’intégration d’algorithmes d’IA dans des robots d’aide à la personne, " ce cadre permet d’appliquer les propositions scientifiques dans plusieurs thématiques : la vision, le déplacement du robot, la manipulation d’objets, la compréhension de l’environnement, le dialogue homme-machine ".
Les travaux de Cédric Buche se singularisent par le choix de développer des solutions embarquées, qui ne nécessitent pas de connexion internet. " Si on veut que les robots soient acceptés dans des logements, il n’est pas envisageable d’envoyer des images de son intérieur à Google. L’idée de base des développements est que tous les logiciels sont dans le robot. C’est une extraordinaire difficulté scientifique ".
Les robots ont aussi rejoint l'Australie ! |
En 2021 l’opportunité se présente de travailler dans un laboratoire de recherche international à Adélaïde en Australie, l’IRL Crossing, qu’il a contribué à créer. Pourquoi l’Australie ? " La thématique scientifique était très intéressante, en Australie il y a des experts en machine learning, en facteurs humains, en robots, notamment des robots marins " à l’Australian Institute for Machine Learning et l’Université de Flinders.
Naval Group est tutelle du laboratoire, car cet industriel veut développer une activité de recherche et le port militaire d’Adélaïde s’y prête par ses similarités avec ceux de Brest et Toulon. Le secteur de la défense est un domaine applicatif des travaux en IA menés à l’IRL Crossing puisque de nombreuses thématiques rejoignent celui les robots humanoïdes : les drones marins doivent pouvoir se diriger sans connexion internet dans l’eau et ils ont des interactions avec des opérateurs humains.
Au-delà de la thématique scientifique, cette délégation CNRS a représenté pour Cédric Buche la possibilité de consacrer 100 % de son temps à la recherche pendant 3 ans. Celle-ci se termine le 1er septembre mais ce séjour en Australie se prolongera par un détachement de 2 années supplémentaires en entreprise.
Cédric Buche, le robot Pepper et la coupe remportée lors de la RoboCup 2022 @home |
C’est sans nul doute grâce à cette plus grande disponibilité pour ses activités de recherche que l’équipe RoboBreizh a pu remporter la Robocup 2022 dans la catégorie @home, celle des robots d’assistance à la personne évoluant en appartement, l’une des catégories élite de cette coupe du monde des robots. Les équipes doivent faire face à des imprévus en ayant au départ toutes le même robot, le robot Pepper.
Dans la droite ligne des travaux de l’IRL Crossing, l’équipe RoboBreizh développe les algorithmes en IA de A à Z et conserve localement les informations, au contraire des équipes concurrentes. Un pari gagnant en 2022, mais qui s’avère risqué pour concurrencer les autres robots. " Mais l’idée est avant tout de faire progresser la science et la société ". L’équipe RoboBreizh remet donc son titre en jeu dans la même catégorie du 4 au 10 juillet 2023 à Bordeaux.
" L’entreprise française Enchanted Tools a une démarche novatrice puisque le robot n’a plus de forme humaine. Ils ont fait un choix fort qui je pense est le bon : le robot ne se substitue pas à l’humain, il effectue des tâches annexes ". Dans un hôpital par exemple, le robot n’interagit pas avec le patient, mais il comptabilise le matériel médical et les médicaments présents dans la chambre. L’infirmièr·e peut ainsi se focaliser sur les soins au patient.
Autre perspective identifiée par Cédric Buche, les robots compagnons qui sont pour beaucoup de personnes seules chez elles une bonne alternative aux téléphones et ordinateurs.
Les progrès de l'IA générative sont très impressionnants avec " certains champs comme la vision et le traitement de la parole qui sont presque résolus aujourd’hui ". Face à cette accélération, le retard pris dans le cadrage réglementaire est inquiétant. " De nombreux métiers sont à inventer pour réguler le secteur car la recherche et la R&D en entreprise ne vont pas s’arrêter ".
Nous remercions Cédric Buche d’avoir pris le temps de répondre à nos questions en pleine préparation de la RoboCup 2023 et lui souhaitons bonne chance !
Plus d’informations :
• Site internet de Cédric Buche
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